Les antimicrobiens employés dans l’agriculture créent des bactéries hautement résistantes

Les antimicrobiens employés dans l’agriculture créent des bactéries hautement résistantes

Mycobacterium tuberculosis (Public Health Image Library, NIAID, Image ID : 18139)

Des travaux de recherche récents ont démontré que l’utilisation excessive d’antimicrobiens dans l’élevage du bétail peut entraîner l’évolution de bactéries plus résistantes à la défense initiale du système de défense immunitaire de l’homme.

Ainsi que le journaliste l’a noté dans le passé, la résistance aux antibiotiques désigne la capacité de sous-ensembles spécifiques de micro-organismes à supporter l’exposition à un ou plusieurs antibiotiques. Le rythme auquel les bactéries acquièrent une résistance aux thérapies antibiotiques existantes s’est considérablement accéléré au cours des vingt dernières années.

Il est donc impératif de mettre au point des antimicrobiens nouveaux et puissants. Les peptides antimicrobiens (PAM) sont l’une de ces solutions. Jusqu’à présent, les PAM ont été principalement utilisés dans l’agriculture, en particulier dans l’élevage, pour lutter contre les infections et favoriser la croissance.

Cette situation a suscité des inquiétudes : l’utilisation des PGA dans l’agriculture pourrait conduire à la création de bactéries à résistance croisée, capables de surmonter la réponse immunitaire initiale de l’homme. Cette conclusion a été tirée à la suite d’études menées par l’Université d’Oxford.

Bacillus polymyxa

Les chercheurs ont évalué cette hypothèse en utilisant la colistine, un AMP dont la structure et la fonction sont proches de celles des AMP générés chez les animaux et qui est produit par une bactérie appelée Bacillus polymyxa. La colistine est considérée comme un traitement de “dernier recours” pour les infections causées par des bactéries qui résistent à de nombreux médicaments.

Les applications extensives de la colistine dans l’élevage ont facilité la prolifération de bactéries Escherichia coli porteuses de gènes de résistance mobile à la colistine (MCR). L’étude a permis de découvrir que les bactéries ayant développé une résistance à la colistine, un antimicrobien couramment utilisé en agriculture, présentent une résistance à des composants essentiels du système immunitaire des animaux et des humains.

Dans cette expérience, les chercheurs ont exposé des bactéries E. coli porteuses du gène MCR-1 à des peptides antimicrobiens (AMP) présents dans l’immunité innée des poulets, des porcs et des humains. La capacité des bactéries à être tuées par du sérum humain a également été testée. Les résultats ont révélé que la présence du gène MCR-1 augmentait la résistance aux AMP de l’hôte de 62 % par rapport aux bactéries dépourvues du gène, et rendait les bactéries au moins deux fois plus résistantes à la destruction par le sérum humain.

Ces conclusions suggèrent que les animaux d’élevage tels que les porcs et les poulets, qui ont été traités avec des PGA bactériens, peuvent contenir de grandes quantités de bactéries à résistance croisée. Ces bactéries peuvent être à l’origine d’épidémies futures, et la recherche a montré que l’utilisation de PGA en agriculture peut entraîner une résistance croisée contre le système immunitaire inné de l’homme.


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