Source cérébrale de la créativité identifiée

Source cérébrale de la créativité identifiée

Électrodes dans plusieurs régions cérébrales surveillant l’activité cérébrale en temps réel. Les points colorés sur les images indiquent les emplacements des électrodes chez tous les patients, codés par couleur selon la région cérébrale, avec les points rouges mettant en évidence les électrodes dans le DMN. Crédit : Brain (2024). DOI: 10.1093/brain/awae199

Avez-vous déjà fait l’expérience d’une percée soudaine sur un problème difficile tout en pensant à quelque chose de totalement différent ? Ce genre de pensée créative, une caractéristique définissante de l’humanité, apparaît souvent de manière inattendue, presque paradoxale, lorsque l’on s’y attend le moins.

Révéler les origines de la créativité

Les origines neurologiques de la créativité — comment notre cerveau génère ces idées innovantes — ont été tout aussi évasives. Cependant, une équipe de recherche dirigée par un chercheur de l’Université de Utah Health, basé au Baylor College of Medicine, a utilisé une méthode précise d’imagerie cérébrale pour révéler comment différentes régions cérébrales collaborent pour produire la pensée créative. Leurs découvertes ont été publiées dans Brain le 18 juin.

Ces connaissances pourraient ouvrir la voie à des interventions visant à améliorer la pensée créative ou à aider les individus souffrant de maladies mentales affectant ces régions cérébrales. Les processus cognitifs supérieurs tels que la créativité sont notoirement difficiles à étudier. Contrairement aux fonctions motrices ou à la vision, la créativité ne dépend pas d’une seule région cérébrale. Comme l’explique Ben Shofty, MD, Ph.D., professeur adjoint de neurochirurgie à la Spencer Fox Eccles School of Medicine et co-auteur principal de l’article, il n’existe pas de « cortex de la créativité » spécifique.

Le réseau par défaut et la créativité

Des preuves indiquent que la créativité est une fonction cérébrale distincte. Les lésions cérébrales dues aux AVC peuvent altérer les capacités créatives, suggérant une base neurologique pour la créativité. Shofty soupçonnait que la pensée créative pourrait reposer sur des zones cérébrales activées pendant la méditation, les rêveries et d’autres formes de réflexion axées sur l’intérieur. Ce réseau, le réseau par défaut (DMN), fonctionne de manière continue et maintient notre flux spontané de conscience, contrairement aux fonctions cérébrales dirigées vers un but.

La nature répandue du DMN à travers de nombreuses régions cérébrales rend difficile le suivi de son activité en temps réel. Les chercheurs ont utilisé une méthode avancée d’imagerie de l’activité cérébrale, couramment utilisée pour localiser les crises chez les patients atteints d’épilepsie sévère, impliquant de minuscules électrodes implantées dans le cerveau pour suivre précisément l’activité électrique. Les participants à l’étude, déjà en surveillance des crises, ont eu leur activité cérébrale mesurée pendant la pensée créative, fournissant des détails inédits sur la base neurale de la créativité.

Découvertes et implications

Les chercheurs ont observé que lors d’une tâche créative, où les participants énuméraient des utilisations nouvelles pour des objets du quotidien, le DMN était le premier à s’activer. « Cette activité se synchronisait ensuite avec d’autres régions cérébrales impliquées dans la résolution de problèmes complexes et la prise de décision, suggérant que les idées créatives proviennent du DMN avant d’être évaluées par d’autres zones. »

De plus, les chercheurs ont démontré que des régions spécifiques du DMN sont essentielles pour la pensée créative. Une diminution temporaire de l’activité dans ces régions a entraîné une diminution de la créativité lors des sessions de brainstorming, tandis que les autres fonctions cérébrales sont restées normales. Eleonora Bartoli, Ph.D., professeure adjointe de neurochirurgie au Baylor College of Medicine et co-première auteure, a souligné que leurs découvertes montrent que la créativité dépend fondamentalement du DMN.

Comprendre le rôle du DMN dans les traitements

Comprendre le rôle du DMN dans la créativité pourrait éclairer les traitements des troubles impliquant une activité DMN altérée, comme la dépression ruminative. Shofty espère que caractériser les régions cérébrales impliquées dans la pensée créative permettra à terme d’améliorer la créativité par des interventions futures. L’objectif ultime est de manipuler ce réseau pour renforcer la pensée créative.


Lire l’article original sur : Medical Xpress

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