Un cardiaque freine le cancer
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Martin Oeggerli (Micronaut), avec le soutien de Pathology, Univ Hosp Basel, BioEM-Lab, Biozentrum, Unibas, N Aceto ETH Zurich.
L’une des caractéristiques les plus mortelles du cancer est sa capacité à se propager à d’autres organes. Désormais, un médicament déjà utilisé pour traiter les maladies cardiaques montre un potentiel pour réduire le risque de métastases en dissolvant les amas de cellules tumorales circulantes chez les patientes atteintes de cancer du sein.
Le défi du traitement de la propagation du cancer
Bien que des traitements comme la chimiothérapie et la radiothérapie soient efficaces contre les tumeurs, des cellules cancéreuses peuvent s’échapper dans la circulation sanguine, augmentant ainsi le risque de formation de nouvelles tumeurs ailleurs dans le corps. Ce processus complique la lutte contre le cancer et réduit considérablement les taux de survie des patients.
Éliminer ces cellules tumorales circulantes (CTC) avant qu’elles ne s’installent dans de nouveaux tissus pourrait être une stratégie prometteuse pour améliorer le pronostic. En 2019, des chercheurs de l’ETH Zurich ont analysé plus de 2 400 substances en culture cellulaire et ont identifié la digoxine, un composé extrait à l’origine de la digitale, comme l’un des plus prometteurs.
Un essai clinique montre des résultats positifs
Récemment, l’équipe a mené une étude clinique auprès de patients atteints d’un cancer du sein métastatique. Neuf participants ont reçu de faibles doses de digoxine pendant une semaine, entraînant une réduction moyenne de 2,2 cellules par amas circulant. Bien que ce changement puisse sembler minime, la capacité de ces amas à former de nouvelles tumeurs dépend directement de leur taille.
« Le succès des métastases du cancer du sein repose sur les amas de CTC », explique Nicola Aceto, investigateur principal de l’étude. « Plus ils sont grands, plus ils sont efficaces pour former de nouvelles tumeurs. »
La digoxine agit en bloquant les pompes ioniques des membranes des cellules tumorales, provoquant une accumulation excessive de calcium à l’intérieur des cellules. Ce processus entraîne la désagrégation des amas, réduisant ainsi leur capacité à déclencher des métastases.
Un complément potentiel aux traitements traditionnels
Bien que cette approche ne constitue pas une solution autonome contre le cancer, elle pourrait compléter la chimiothérapie et la radiothérapie, qui ciblent la tumeur primaire, tandis que la digoxine aiderait à prévenir la propagation de la maladie.
Même si l’étude a été menée sur un petit groupe de patients, les résultats sont encourageants. L’approbation clinique pourrait être plus rapide que d’ordinaire, car la digoxine est déjà largement utilisée pour traiter des affections cardiaques comme l’insuffisance cardiaque et la fibrillation auriculaire. De plus, des recherches antérieures suggèrent que cette substance pourrait offrir des avantages supplémentaires, tels qu’une aide à la perte de poids et une réduction de l’inflammation.
Les scientifiques prévoient maintenant de développer des versions modifiées de la digoxine pour améliorer son efficacité et d’explorer son potentiel dans d’autres types de cancers à risque de métastases.
Lisez l’article original sur : New Atlas
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