Dépression : appétit et envies de glucides

Dépression : appétit et envies de glucides

Crédit : Pixabay

La dépression touche environ 280 millions de personnes dans le monde et influence les habitudes alimentaires. Une étude récente menée par des chercheurs de l’Hôpital Universitaire de Bonn (UKB), de l’Université de Bonn et de l’Hôpital Universitaire de Tübingen révèle que, bien que les personnes dépressives aient souvent un appétit réduit, elles ont tendance à avoir des envies accrues d’aliments riches en glucides. Publiée dans Psychological Medicine, cette étude éclaire la manière dont la dépression modifie les préférences alimentaires.

La dépression se manifeste différemment selon les individus. Certains peinent à sortir de chez eux, tandis que d’autres parviennent à maintenir une partie de leur routine quotidienne. Ces variations s’étendent aussi à l’appétit : beaucoup perdent l’envie de manger, mais d’autres augmentent leur consommation alimentaire, notamment en sucres, entraînant souvent des fluctuations de poids.

« De nombreuses personnes souffrant de dépression ont un appétit réduit, tandis que d’autres développent une augmentation de l’appétit et des envies alimentaires, en particulier pour les sucreries. Ces changements peuvent entraîner des variations de poids », explique le professeur Nils Kroemer, auteur principal de l’étude, rattaché aux hôpitaux universitaires de Tübingen et de Bonn. « Malgré ces observations, on sait encore peu de choses sur les préférences alimentaires spécifiques des personnes dépressives, un domaine qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. »

Cette recherche est la première à établir un lien direct entre la dépression et des modifications spécifiques des préférences alimentaires selon la composition en macronutriments. Glucides, protéines et lipides sont les principaux composants de notre alimentation, et parmi eux, les glucides constituent une source d’énergie essentielle pour les cellules humaines.

Le lien entre choix alimentaires et gravité de la dépression

Les personnes dépressives montrent généralement moins d’intérêt pour les aliments riches en lipides et en protéines que les individus en bonne santé. En revanche, elles ont tendance à privilégier les aliments riches en glucides, comme les sucreries. Fait intéressant, lorsqu’elles consomment davantage de glucides, elles développent aussi des envies d’aliments riches en lipides et en protéines.

Par exemple, les personnes dépressives préfèrent souvent des aliments énergétiquement denses combinant graisses et glucides, comme le chocolat au lait, typiques de schémas alimentaires malsains. Jusqu’à présent, les chercheurs pensaient que ces envies de glucides étaient simplement liées à une augmentation de l’appétit.

« Nous avons désormais démontré que ces envies de glucides sont plus fortement associées à la gravité de la dépression, en particulier aux symptômes d’anxiété », explique Lilly Thurn, première auteure de l’étude et ancienne membre de l’équipe du département de psychiatrie et de psychothérapie de l’UKB, actuellement étudiante en master à l’Université de Maastricht.

L’avenir du traitement de la dépression : nutrition et connexion intestin-cerveau

Ces résultats soulèvent de nouvelles questions pour la recherche et les stratégies de traitement. « Les aliments riches en glucides activent des circuits de récompense cérébraux différents de ceux des aliments riches en lipides et en protéines, ce qui pourrait ouvrir la voie à de meilleures approches thérapeutiques », suggère le professeur Kroemer.

À l’avenir, la thérapie nutritionnelle pourrait tester si la modification des préférences alimentaires en cas de dépression améliore les résultats cliniques. Les chercheurs pourraient explorer si l’optimisation de l’alimentation d’un patient apporte un soulagement durable.

« Les thérapies ciblant la connexion intestin-cerveau semblent particulièrement prometteuses », ajoute Lilly Thurn. « Des études préliminaires montrent que le jeûne ou la consommation d’aliments probiotiques pourraient avoir des effets antidépresseurs. De plus, les modifications du microbiome chez les personnes dépressives pourraient aggraver les symptômes, offrant ainsi une nouvelle piste thérapeutique. »


Lire l’article original :  Scitechdaily

En savoir plus :  Study Finds Common Root Cause Behind Multiple Psychiatric Disorders

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