Les inconvénients non-dits de la méditation et de la pleine conscience

Les inconvénients non-dits de la méditation et de la pleine conscience

Crédit : Pixabay

Parce que la pleine conscience peut être pratiquée à la maison gratuitement, elle est souvent considérée comme un remède idéal contre le stress et les problèmes de santé mentale.

Enracinée dans les traditions bouddhistes, la méditation de pleine conscience implique de se concentrer sur la conscience du moment présent des sensations, des pensées et des émotions.

Des textes anciens reconnaissent les inconvénients potentiels de la méditation

Les plus anciennes preuves écrites des inconvénients potentiels de la méditation remontent à plus de 1 500 ans en Inde. Le Dharmatrāta Meditation Scripture, écrit par une communauté bouddhiste, décrit diverses pratiques de méditation et mentionne les symptômes de dépression et d’anxiété qui peuvent survenir par la suite.

Il détaille également les troubles cognitifs liés à la psychose, à la dissociation et à la dépersonnalisation – un état où les individus se sentent détachés de la réalité.

Au cours des huit dernières années, l’intérêt scientifique pour ce sujet s’est accru, révélant que les effets négatifs ne sont pas rares.

Une étude de 2022 menée auprès de 953 méditants réguliers aux États-Unis a révélé que plus de 10 % d’entre eux avaient subi des effets indésirables qui perturbaient considérablement leur vie quotidienne pendant au moins un mois.

Une revue de 2020 de plus de 40 ans de recherche a identifié l’anxiété et la dépression comme les effets négatifs les plus fréquents, suivis par des épisodes psychotiques ou délirants, la dissociation ou la dépersonnalisation, et une peur ou une terreur intense.

(Egoitz Bengoetxea Iguaran/Canva Pro)

Des études ont montré que les effets négatifs de la méditation peuvent survenir même chez des personnes sans antécédents de problèmes de santé mentale. Ces effets peuvent apparaître après une exposition modérée et entraîner des symptômes persistants.

Le monde occidental est conscient de ces risques depuis des décennies.

Premières mises en garde de la science cognitivo-comportementale

En 1976, le scientifique cognitivo-comportemental Arnold Lazarus a averti que l’utilisation indiscriminée de la méditation pouvait déclencher “de graves problèmes psychiatriques tels que la dépression, l’agitation et même une décompensation schizophrénique”.

Bien que la pleine conscience ait des avantages documentés, de nombreux coachs, applications, livres et ressources en ligne omettent de mentionner ses risques potentiels.

Le professeur de gestion et enseignant bouddhiste Ronald Purser a soutenu dans son livre de 2023, McMindfulness, que la pleine conscience a été commercialisée en une forme de “spiritualité capitaliste”.

(dmitrynaumov/Canva Pro)

Aux États-Unis, l’industrie de la méditation est évaluée à 2,2 milliards de dollars (1,7 milliard de livres sterling). Les leaders du marché de la pleine conscience devraient être bien conscients de ses inconvénients potentiels.

Jon Kabat-Zinn, une figure de proue du mouvement de la pleine conscience, a reconnu dans une interview au Guardian en 2017 que “90 % de la recherche [sur ses avantages] est inférieure à la norme”.

Une vision grandiose pour la pleine conscience

Dans l’avant-propos du Rapport parlementaire multipartite britannique sur la pleine conscience de 2015, il a suggéré que la méditation de pleine conscience pourrait en fin de compte remodeler les individus, les communautés, les sociétés et même l’humanité dans son ensemble. Cette conviction presque religieuse dans le pouvoir transformateur de la pleine conscience est courante chez ses partisans. De nombreux athées et agnostiques qui la pratiquent croient également qu’elle peut favoriser une plus grande paix et compassion dans le monde.

Malgré cet enthousiasme, la couverture médiatique de la pleine conscience a été quelque peu unilatérale.

En 2015, mon livre avec la psychologue clinicienne Catherine Wikholm, The Buddha Pill, comprenait un chapitre résumant la recherche sur les effets négatifs de la méditation. Cela a reçu une attention médiatique importante, y compris un article de New Scientist et un documentaire de BBC Radio 4.

Pourtant, en 2022, l’étude sur la méditation la plus coûteuse jamais réalisée – un projet de 8 millions de dollars financé par le Wellcome Trust – a reçu étonnamment peu de couverture médiatique.

Entre 2016 et 2018, des chercheurs ont étudié plus de 8 000 enfants âgés de 11 à 14 ans dans 84 écoles britanniques. Les résultats ont révélé que la pleine conscience n’améliorait pas le bien-être mental par rapport à un groupe témoin et pouvait même avoir un impact négatif sur les enfants déjà à risque de problèmes de santé mentale.

(dmitrynaumov/Canva Pro)

Préoccupations éthiques dans la promotion de la pleine conscience

Est-il éthique de promouvoir des applications de méditation, d’offrir des cours de méditation ou d’intégrer la pleine conscience dans la pratique clinique sans divulguer les effets indésirables potentiels ? Compte tenu des preuves croissantes de leur fréquence et de leur diversité, la réponse devrait être non.

De nombreux instructeurs de méditation et de pleine conscience croient que ces pratiques sont entièrement bénéfiques et ignorent les effets indésirables potentiels.

Une expérience courante chez ceux qui souffrent d’effets négatifs est que leurs préoccupations sont rejetées. Les instructeurs leur conseillent souvent de continuer à méditer, en supposant que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes.

La recherche sur la façon de pratiquer la méditation en toute sécurité en est encore à ses débuts, laissant peu de conseils clairs. Un défi plus large est que la méditation implique des états de conscience modifiés, et la psychologie manque de théories complètes pour expliquer pleinement ces expériences.

Cependant, des ressources sont disponibles. Certains sites Web, créés par des méditants qui ont été confrontés à de graves effets indésirables, fournissent des informations de première main, tandis que des manuels universitaires incluent désormais des sections dédiées au sujet.

Aux États-Unis, un service clinique dirigé par un chercheur en pleine conscience se spécialise dans le soutien aux personnes qui rencontrent des problèmes aigus ou à long terme liés à la méditation.

Jusqu’à ce que l’on en sache plus, la méditation ne devrait pas être promue comme un outil de bien-être universel sans reconnaître ses risques potentiels.


Lire l’article original sur : Science Alert

Lire la suite : Même les légères commotions peuvent avoir des effets durables

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